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Calculer son empreinte carbone : définitions, objectifs, enjeux et défis

L’empreinte carbone, c’est :

Un indicateur visant à définir le taux d’émissions de gaz à effet de serre lié aux activités d’un individu (en fonction de son mode de vie), d’une organisation (en fonction de son domaine d’activité) ou d’un territoire.

En raison d'une volonté d'uniformisation et de simplification de la norme l’empreinte carbone est souvent exprimée en dioxyde de carbone équivalent (CO2). De sorte que tous les gaz à effet de serre sont rapportés à cette équivalence.

Le CO2, comme les autres gaz à effet de serre tel que le méthane (CH4), protoxyde d’azote (N2O) et l’hexafluorure de soufre (SF6), absorbe une partie des rayonnements infrarouges émis par le soleil. L’augmentation de la présence de ces gaz dans l’atmosphère suite à l’intensité des activités humaines, provoque une augmentation des températures à la surface de la terre. Ce phénomène mesuré au cours des dernières décennies est la cause principale du changement climatique brutal que subit notre planète. Ce changement se traduit notamment par une hausse globalisée des températures.

À quoi correspond une tonne de CO2 ?

Il serait malvenu d’affirmer avec précision à quoi correspond une tonne de CO2. Non seulement en raison de la complexité que représente un tel calcul, mais également en raison de la nature complexe de notre environnement. Celui-ci dépend d’une quantité conséquente de variables, mais aussi un nombre important de facteurs inconnus (ou difficilement quantifiables). Cependant, afin d’être en mesure de concevoir les dimensions de la problématique du réchauffement climatique à notre échelle, c'est-à-dire à une échelle humaine, il est essentiel d’aborder celui-ci à travers des ordres de grandeur. Les chiffres ci-dessous1 sont issus de moyennes qui permettent d’estimer les proportions de ce que représente 1 tonne de CO2 :

En déplacements :

environ 5000 kilomètres en voiture à essence (par passager)

environ 7000 kilomètres en avion (par passager)

environ 500 000 kilomètres en TGV (par passager)

En chauffage :

environ 55 jours de chauffage à gaz ( pour 380 litres de mazout ou 500m³ de gaz (de quoi chauffer un appartement de aprox. 50m2))

En énergie :

environ 4300 Kwh

(1 Kwh corresponds à une heure d'utilisation d'un aspirateur)

En nourriture :

Produire 1000kg de volaille

Produire 4700kg de pommes de terre

Produire 250 kg de viande bovine

En biens :

Produire 30 smartphones

En arbres :

50 arbres matures (plus de 30 ans) doivent pousser pendant 3 ans pour capturer une tonne de C02.

Calculer son empreinte carbone :

Ensemble, les actions individuelles forment le levier collectif nécessaire pour créer une réelle différence.

Certes, chaque action individuelle ne changera pas radicalement la face du monde, mais les habitudes de consommation, les valeurs portées par tous et chacun à l’égard du monde dans lequel on évolue façonne les actions des entreprises, des organisations et des institutions qui régissent notre contexte économique, social, politique et environnemental. Il ne s’agit pas de sur-responsabiliser les individus, mais de noter qu’agir individuellement de manière collective représente l’un des leviers efficaces que chacun peut utiliser pour agir activement pour produire un changement global. Calculer son empreinte carbone est l’un des points de départ qui peut être choisi pour établir/définir un certain nombre d’actions personnelles pouvant être entreprises. Mais aussi afin de se sensibiliser aux défis qui dépassent la sphère individuelle. Il revient aux entreprises, organisations et institutions (étatiques ou non) de répondre à ces défis.

Voici quelques uns des calculateurs gratuits en ligne qui pourraient vous aider à calculer votre empreinte carbone individuelle : 

  1. https://www.footprintcalculator.org/home/fr
  2. https://www.myclimate.org/fr/
  3. https://www.wwf.ch/fr/vie-durable/calculateur-d-empreinte-ecologique
  4. https://nosgestesclimat.fr/simulateur/bilan
  5. https://www.goodplanet.org/fr/calculateurs-carbone/particulier/
  6. https://leclimatentrenosmains.org/fr

Si vous souhaitez obtenir un ordre de grandeur de l’empreinte carbone de votre organisation, nous vous proposons les liens suivants:

(veuillez noter que certaines de ces ressources ne présentent pas un accès gratuit)

  1. https://www.climate-services.ch/services/bilan-co2/
  2. https://www.mobitool.ch/fr/outils/facteurs-mobitool-v2-1-25.html?tag=18

J’obtiens des chiffres différents pour chaque calculateur, que croire ?

Pas de panique. Comme pour les ordres de grandeur de ce que représente une tonne de CO2, les sites qui produisent des calculateurs d’impact écologique, ou d'empreintes carbones, se basent sur des moyennes et des chiffres approximatifs. Ces calculateurs existent d’une part afin d’apporter des ordres de grandeur, et d’autre part afin de souligner les points sur lesquels il vous serait possible/nécessaire d’agir. Ils incarnent aussi différentes volontés militantes qui peuvent favoriser différentes tendances au sein des moyennes permettant d’établir les chiffres fournis par ces évaluations d’empreintes carbone ou écologique. Notons donc que :

  1. Il est aujourd’hui nécessaire, autant que l’on peut, d’agir pour le climat
  2. Ne pas se sentir débordé par des chiffres démesurés, ou de se satisfaire d’un chiffre bas, mais de saisir les points pouvant être améliorés, et de poursuivre les efforts mis en place à cet effet.
  3. Il n’est pas nécessaire d’être parfait afin d’agir pour l’environnement.

Quels sont les objectifs en Suisse en matière d’empreinte carbone ?

Selon l’étude de Mckinsey3, la Suisse serait responsable de la production de 2 à 3 % des émissions de CO2 mondiales. Un chiffre conséquent si l’on considère la taille de notre pays. Si cette tendance était appliquée à un niveau mondial, la température globale augmenterait de 3 à 4 °C d’ici 21004.

Afin de pallier à cet état de fait, le 28 août 2019, le Conseil fédéral a pris la décision que d'ici 2050, il s'agira de garantir que l'empreinte carbone de la Suisse soit neutre. Cela signifie qu'elle ne devra pas rejeter dans l'atmosphère plus de gaz à effet de serre que les écosystèmes naturels et les réservoirs artificiels de notre planète sont capables d'encaisser5.

Cette neutralité carbone est considérée comme essentielle afin de maintenir le réchauffement de la planète en dessous du seuil des 1,5°C par rapport aux niveaux pré-industriels. Ce seuil est issu d'un consensus scientifique international afin de limiter les dommages sur l'environnement et la biodiversité. Afin d'atteindre la neutralité de son empreinte carbone, la Suisse doit viser à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d'environ 60%6.

D'un point de vue individuel, il nous faut admettre qu'aujourd'hui la consommation de chaque citoyen Suisse est trois fois supérieure au niveau jugé supportable à long terme d'après les standards établis par la politique environnementale suisse. Cela met en avant le potentiel individuel de changement en termes d'émissions de gaz à effet de serre7.

Afin de ramener les empreintes environnementales de la Suisse à un niveau compatible avec les limites planétaires, il est essentiel d'agir en même temps, à tous les niveaux importants de la consommation tels que l'alimentation, le logement, la mobilité, etc., et aux niveaux attenants tels que les chaînes d'approvisionnement, les technologies, les modes de production, etc8.

Quelles solutions face à ces objectifs conséquents ?

Les nuances et les niveaux d'actions sont aussi divers que variés, mais ils existent. Sans nécessairement être simples, ceux-ci sont souvent viables et leur faisabilité dépend entièrement de la confiance et de l'engagement de ceux qui les portent.

D'un point de vue individuel, nos habitudes de consommation sont celles qui gouvernent et ont un impact direct sur les multiples facteurs polluants de l'activité humaine (économie, transport, alimentation, logements, etc.). Bien que le changement d'habitude soit un processus coûteux et difficile, impliquant non seulement des défis individuels, mais aussi culturels, sociétaux et posant des problèmes d'un point de vue de la reconnaissance sociale. Il est toutefois capital d'entreprendre ces changements et ce avec bienveillance.

Très concrètement, d’un point de vue individuel il vous est possible de :

  • Privilégier les transports moins polluants (trains, bus, vélo, etc.) Bien que le confort, la praticité, et parfois les gains de temps plus ou moins significatifs penchent aujourd’hui toujours en faveur des véhicules individuels, mais leurs bienfaits se font aux frais de notre planète, et de la qualité de vie de nos enfants.
  • Limiter votre consommation de viande, et favoriser des produits locaux (dont la provenance se situe en dessous de 300km), l’élevage du bétail représente aprox. 15% des émissions de gaz à effets de serre, et leur production aux quantités consommées actuellement représentent un désastre écologique non-négligeable9.
  • Les 3R : Réduire, Réutiliser et Recycler. À ce niveau vous disposez de multiples solutions, par exemple :
  • Abandonner les bouteilles en plastiques
  • Abandonner tous les objets à usage unique en faveur d’objets à usages multiples (goblets, sacs, etc)
  • Favoriser les objets reconditionnés
  • Prolonger l'utilisation de votre matériel avant de le remplacer
  • Minimiser votre consommation électronique et digitale

D'autres solutions encore :

  • Le remplacement des éclairage par des LED aujourd’hui est une évidence en termes de réduction de la consommation d’électricité
  • La pollution numérique représente environ 4% des gaz à effet de serre mondiaux, limiter l’utilisation d’objet connectés, privilégier un stockage local au cloud quand cela n’est pas nécessaire, ne pas garder plus d’emails que nécessaire, etc10.
  • Éviter d’acheter des appareils neuf régulièrement, plus un appareil électronique est utilisé sur la longue durée plus son empreinte carbonne et écologique est amoindrie
  • Avoir un usage raisonné des appareils électroniques (temps d’écran, etc).
  • Maintenir le chauffage de ses espaces de vie entre 19 et 21 °C. Le chauffage est l'un des plus gros consommateurs d'énergie et donc l'un des plus gros émetteurs de CO2.
  • Diminuer la consommation d'eau, en particulier d'eau chaude, et favoriser l'utilisation de capteurs solaires sur le toit pour la production d'eau chaude.

Les engagements possibles pour les entreprises et les organisations ?

Les engagements possibles pour les entreprises et les organisations sont beaucoup plus vastes. Certains gestes comme l'extinction complète des appareils électroniques non-essentiels à la fin des journées de travail, préférer des fournitures (matériels de bureau, papeterie, etc.) à moindre impact écologique, investir dans un tri systématique et efficace des déchets produits sont des gestes de base facilement mis en place. Puis les possibilités s'élargissent jusqu'à la limite de votre imagination : favoriser les transports à l'empreinte carbone moindre pour les employés, ou le télétravail lorsque les déplacements sont trop conséquents, favoriser des partenaires commerciaux en accord avec des principes écologiques, etc. La suite se fait notamment par un changement plus profond des organisations et des entreprises. Notamment par une réorientation de leurs valeurs fondamentales, en dissociant la viabilité du profit, et en favorisant des impulsions et des moteurs basés sur l'environnement et l'écologie. Atténuer les marges et les bénéfices en faveur d'une redistribution monétaire plus équitable et juste afin de renforcer la stabilité sociale et économique, et ainsi favoriser et renforcer une action plus globale et unifiée face au changement climatique.

Par ailleurs, les entreprises et les organisations, mais aussi les institutions, détiennent souvent un pouvoir décisionnel plus important que les individus. Il est donc capital que ces dernières, fassent preuve d'engagement et d'initiative face au changement climatique afin d'endiguer ses conséquences dévastatrices.

Références

  1. Estimations chiffres empreinte carbone : https://www.hellocarbo.com/blog/calculer/tonne-equivalent-co2/ estimation et https://monconvertisseurco2.fr/?co2=1000 (consulté le 17 mai 2023).
  2. Empreinte carbone de la Suisse : https://www.mckinsey.com/ch/~/media/mckinsey/locations/europeandmiddleeast/switzerland/ourinsights/klimastandortschweiz/klimastandort-schweiz.pdf (consulté le 17 mais 2023)
  3. Tendance suisse en matière d'émission de CO2 : https://www.swissinfo.ch/fre/la-contribution--décevante--de-la-suisse-à-une-planète-sans-émissions-de-co2/47062098 (consulté le 17 mai 2023)
  4. Neutralité carbone Suisse 2050 : https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/documentation/communiques.msg-id-76206.html (consulté le 17 mai 2023)
  5. Importance de la neutralité carbone : https://www.swissinfo.ch/fre/la-contribution--décevante--de-la-suisse-à-une-planète-sans-émissions-de-co2/47062098 (consulté le 17 mai 2023)
  6. Empreinte carbone des citoyens suisses : https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/wirtschaft-konsum/uz-umwelt-zustand/fussabdruecke-kurzfassung.pdf.download.pdf/fr_BAFU_UZ-1811_Footprint_Zusammenfassung.pdf (consulté le 17 mai 2023)
  7. Importance d'agir à tous les niveaux de consommation : https://www.bafu.admin.ch/dam/bafu/fr/dokumente/wirtschaft-konsum/uz-umwelt-zustand/fussabdruecke-kurzfassung.pdf.download.pdf/fr_BAFU_UZ-1811_Footprint_Zusammenfassung.pdf (consulté le 17 mai 2023)
  8. Pollution liée à la consommation de la viande : https://www.hellocarbo.com/blog/reduire/comment-lutter-contre-le-rechauffement-climatique/ (consulter le 17 mai 2023)
  9. Impacte écologique du numérique : https://www.atipik.ch/fr/blog/impact-ecologique-web-quelques-chiffres-2022 (consulté le 17 mai 2023)

Cet article a été rédigé par :

Erwan Demenga

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